lundi 6 février 2012

Le monde au ras du slip (Bien vu, Figaro du lundi 6 février 2012; pas paru.)

Certaines boulangeries appâtent le chaland en embaumant la rue. Car la bande annonce est tout un art : on n’ânonne pas « tu montes, chéri ? » avec un sourire de notaire. Il faut donner envie, créer le désir. Il en est de même des titres : voilà pourquoi une émission intitulée « La face cachée des petites culottes » excite fatalement les esprits curieux. Le chroniqueur grivois verra là une forêt bruissante de métaphores. Quant à l’érotomane, il songera aux délicieuses Mémoires d’une culotte d’Aymé Dubois-Jolly, qui fit les beaux soirs de la collection « J’ai lu rose ».
Las, l’attention s’amollit en découvrant ce fort sérieux « docu-conso » sur l’industrie de la lingerie féminine française. Etam, Lise Charmel, Aubade et quelques autres enseignes sont ici passées au crible d’un réalisateur qui a tenté de décrypter la filière menant du tissus brut jusqu’aux intimités de la cliente.
Autant dire qu’en 2012, le slip se lève à l’est. Si ces maisons souvent familiales sont restées entre les mains d’une même lignée (quatre générations de Milchior pour la marque Etam) toutes guignent le marché asiate et fabriquent au Maghreb. Mesdames, le printemps arabe passe par le string, car vos dessous sont l’œuvre de tunisiennes voilées. Quant à la Chine, elle reste l’eldorado du soutif. Une ville comme Gurao a surgit en dix ans : toute la population (400 000 habitants) y mitonne des dessous. Tel est le lot de la mondialisation mais c’est ainsi : mille ans plus tôt, les Chinois nous donnaient la poudre à canon ; à l’âge des fusées, nous leur rendons la monnaie en jarretelles à pois. Chaque jour suffit son slip...

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