dimanche 22 janvier 2012

Rions vieux, rions jeunes! (Bien vu, Figaro, 23 janvier 2011)

Ô cruelle vieillesse ! Voilà ce que pense le téléspectateur qui regarde Canal +, le dimanche, à l’heure du pousse-café. Contempler successivement la « semaine des Guignols » et celle du « Petit Journal » c’est avoir les pieds dans deux époques. D’un côté, un humour poussif, essoufflé, où survit trop rarement ce qui a fait sa grandeur pendant plus de vingt ans ; de l’autre une formule incisive, brillante, tête-à-claque, d’une saine virtuosité et d’une mauvaise foi émoustillante. Car si les émissions dressent toutes deux le bilan satirique de l’actualité de la semaine écoulée, la première semble un vieux cabot en bout de course quand la seconde tire à boulets rouges. Au vrai, les Guignols occupent aujourd’hui la place où ils avaient acculé le défunt Bébête show : l’humour papy ; le rire qui sent le sapin. Le pet mouillé. Nous en sommes presque au choc des générations. Les mœurs ont évolué. Un jour, Raynaud et Lamoureux firent place à Coluche et Desproges. Ce n’est pas la loi de la jungle mais celle de l’espèce. Et lorsque commence le « Petit Journal » avec la bonne fasse boboïsante de Yann Barthès, on respire. Fini la sarkophagie sans imagination. Avec Barthès, le mauvais esprit tape dans tous les coins : de l’Elysée à Hollande, de Le Pen à Mélenchon. Ce dernier est leur bête noire, qui leur a interdit l’accès à un de ses meetings. Le Petit Journal pratiquant le détournement, Mélenchon les accuse de désinformation. A-t-il tort ? Raison ? Les deux, sans doute. Mais du Crapouillot au Canard, c’est un sport sain et français. Et n’est-ce pas prendre le spectateur pour un gnou que de le croire incapable de séparer le lard du cochon ?

La semaine des Guignols ; La semaine du Petit Journal. Canal + dimanche 13 h 55 et 14 h 30.

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