jeudi 16 avril 2009

Mes chroniques dans Classica...




vie et mort d'une robe Chanel (in Les échos Série Limitée)


Stupeur et tremblements : la vraie vie d'une robe Chanel
[ 10/04/09 - Série Limitée N° 072 ]

Elle fut un trait de Lagerfeld avant de frémir sous les doigts des brodeuses et des Premières d'atelier, jouant parfois l'Arlésienne pour notre reporter qui a suivi la " 35 904 ", star de la collection Paris-Moscou de Chanel... présentée en décembre dernier.



DE GAUCHE À DROITE : LE CROQUIS, DONNÉ À LA PREMIÈRE D'ATELIER PAR KARL LARGERFELD, EST INTERPRÉTÉ SOUS LA FORME D'UNE TOILE. UNE DOUBLURE DE SOIE EST APPLIQUÉE À L'INTÉRIEUR DE LA JUPE. DÉBUTE ALORS LA BRODERIE DANS LES ATELIERS LESAGE. LE DESSIN RÉALISÉ SUR CALQUE EST REPORTÉ SUR L'ORGANZA AVANT L'APPLICATION DES PERLES, LAMES DORÉES ET PAILLETTES IVOIRE.



Souvent les sacs ont un nom, tout comme les chapeaux, les chaussures, certains manteaux. Pas les robes. C'est injuste, mais la mode est une jungle. Nous l'appellerons donc " elle ".
Elle n'existe pas encore. Robe star de la collection Paris-Moscou (présentée cet hiver), cette création de Chanel ne sera dévoilée que dans quelques jours, lors d'un défilé pour happy few au théâtre du Ranelagh.
Pour l'instant, elle se trouve dans les vénérables ateliers de broderie Lesage, rue de La Grange Batelière.
Filons à sa rencontre...
Karl Lagerfeld a demandé à la maison Lesage ce que le thème Paris-Moscou leur inspirait. Pour ce faire, l'âme de Chanel a esquissé un croquis qu'il a envoyé à François Lesage. " Lire un croquis de Lagerfeld est un art, commente une assistante. Seul monsieur Lesage sait vraiment déchiffrer ce genre de rébus. "
Maître Lesage a aussitôt fouillé dans ses tiroirs. " Nous avons tout fait au moins une fois, assure-t-il, l'oeil piquant, en remontant ses bretelles de cuir, il n'y a qu'à retrouver où et quand... ". Avec son physique à la André Pousse, Lesage semble tiré d'un film de Lautner dialogué par Audiard. Au delà du pittoresque, cet homme a tout vu, tout fait, tout connu. Chanel, Dior, Vuitton, Hermès ont leurs habitudes dans cette maison portant allègrement ses 140 printemps, dirigée depuis les années 20 par la dynastie Lesage et rachetée récemment par la maison Chanel.
Cette encyclopédie de la broderie, où travaillent soixante personnes rappelle les romans de Zola ou les opéras de Gustave Charpentier. Un décor fascinant ! Pièces aux murs couverts de cartons marqués " été 79 ", " hiver 83 ", " printemps 96 "... Tiroirs de bois aux étiquettes calligraphiées. Ici, la salle des perles ; là, l'empire des paillettes. Du plafond pendent des lampes métalliques. Dans les ateliers, penchées sur leurs métiers, les brodeuses ont le sérieux des moines copistes. Sur les murs, des photos d'enfants se mêlent à des calendriers d'hommes nus. Les ouvrières ont pourtant le regard vissé sur leur travail. Car il y a de la dévotion à planter ces aiguilles, fixer ces perles, ces chenilles. Un travail de fourmi, qui remonte aux artisans du Moyen Âge. Ici, rien n'est informatisé. Chaque robe est fichée, à la main, avec un échantillon de ses accessoires collé au bristol.
Brodée du soir au matin
Nous découvrons alors la " 35 904 ". Ce n'est pas un numéro d'écrou mais la référence provisoire de notre robe-star. Elle est pour l'instant écartelée en plusieurs morceaux. Les brodeuses la parent de perles, paillettes, ganses, galons, or, boucles, filets, dentelles. Chaque détail contribuant à figurer des courbes sensuelles, des oiseaux, une vraie ménagerie d'arabesques. On n'en verra hélas guère plus, car il est tard et l'atelier va fermer.
- " Allez demain chez Chanel, elle y est livrée à l'aube et sera en une pièce. "
Rendez-vous est donc pris dans le temple de la rue Cambon. Avec Chanel, changement de galaxie. Fini l'ambiance bonhomme, les bretelles de cuir et les petites mains. On passe de la cuisine bourgeoise à la haute gastronomie, de la blanquette aux truffes blanches. Car tout est blanc, ici. Ou bien beige. Dans le showroom réservé à la presse, des vêtements pendent à des cintres, comme les âmes du purgatoire attendent leur entrée au paradis. Dans ces couloirs infinis, où l'on croise des créatures belles et hautaines brandissant des vêtements tels des ostensoirs, la poussière elle-même semble griffée Chanel ; mais il n'y a pas de poussière. Rien ne dépasse, tout est admirablement ordonné. Les ateliers sont immaculés, les lumières électriques. Pas de tiroirs débordant de perles ; nul métier à tisser antédiluvien. Nous voilà devant la directrice d'un des ateliers. On nous montre une robe, qui n'est pas notre amie. Il nous faut alors la décrire.
Regard ironique persillé de dédain : " Vous êtes sûr que c'était une robe Chanel ?... " Mais oui ! Allons donc voir l'atelier voisin. C'est le bon : " Ah mais moi aussi je l'attends ", pérore la couturière. " Elle est encore chez Lesage, il faudra revenir mardi ". On se croirait dans un sketch de Robert Lamoureux.
Le mardi suivant, nous revoilà chez Chanel, où la tension a monté d'un cran. Ici, la pression est palpable. Le défilé est dans vingt-quatre heures ! Tout semble encore plus sérieux et codé que la semaine précédente. La faune encore plus belle, plus jeune, plus sûre d'elle. Tant de perfection asphyxie car trop de beauté tue ! Nymphes et sylphides semblent gonflées de leur importance vestimentaire. Elles portent maintenant les cintres avec une morgue de sacristain.
Dans le " chaud roume ", l'ambiance est électrique.
Direction les ateliers. Notre belle endormie sera-t-elle là ? " Elle est arrivée ", nous répond roguement la maîtresse couturière. Quelle n'est pas notre surprise de la découvrir encore démembrée. La couture, c'est le contraire de la boucherie. On commence en quartier avant de s'incarner.
Sur les différents établis, on en voit heureusement bien les matières : tulle, paillettes et organza. Et ces perles, arrangées en arabesques.
- " Et pour la voir en entier ? "
- " Ah, il faudra repasser demain."
- " Mais demain, c'est le défilé...
- " C'est là que vous la verrez le mieux. "
Va pour le défilé, donc...
Une fois encore, changeons de quartier : cap à l'ouest, plein XVIe. De prime abord, on s'étonne du lieu. Le village de Passy évoque moins Chanel que Cyrillus. Mais le théâtre du Ranelagh est une petite merveille méconnue, nichée dans un sous-sol de la rue des Vignes. Cet ancien cinéma reconverti en théâtre a connu la gloire : Patrick Préjean y joua Cyrano.
Mais ce soir, cette sombre venelle brille d'une lueur neuve. Sa façade est couverte d'affiches " Paris-Moscou, 1913-2008 ". Des voitures à vitres fumées bloquent tout le quartier. De l'autre côté de la rue, le lycée Saint-Jean-de-Passy n'en revient pas ! C'est Cannes- sur-Seine ! Quittant une à une les voitures, mannequins diaphanes et prélats de la mode s'engouffrent dans le théâtre. Suivons-les...



DE GAUCHE À DROITE : UNE FOIS TERMINÉE, LA BRODERIE, QUI A DEMANDÉ 150 HEURES DE TRAVAIL, EST LIVRÉE AUX ATELIERS CHANEL POUR ASSEMBLAGE AVANT L'ESSAYAGE FINAL AU STUDIO AVEC KARL LAGERFELD. SUR LE PODIUM, LE RÉSULTAT : ROBE EN ORGANZA IVOIRE, BAS PAILLETÉ ET PEINT, TOP REBRODÉ DE COQUILLES VERNIES BLANCHES, DE TUBES, PERLES, LAMES DORÉES ET PAILLETTES IVOIRE.

Tout à coup, on saute dans le temps. Boiseries, capitons, orchestre tziganes, velours rouges, coupes de champagne. Comparé au silence du quartier, on se croit dans quelque lupanar de l'Occupation. Car il y a un côté clandestin dans cette salle étroite et secrète, toute en longueur, où les invités sont placés par de beaux cerbères. Le défilé est d'abord dans la salle : Delphine Arnault, Caroline de Hanovre, Diane Kruger, Emmanuelle Seigner, Marie-José Croze, Amira Casar, Marc Lavoine, Isabelle Huppert, Élodie Bouchez... " Font ch... les pipoles ", maugrée une spectatrice, obligée de céder sa place à une starlette, tandis que les lumières se tamisent. C'est que le " spectacle " va commencer.
Le rideau de scène laisse alors apparaître un écran. Début de la projection. Nous voici devant un (très long !) pastiche de film muet, qui relate les amitiés russes de mademoiselle Chanel. La couturière aimait à emmener princes en exil et jolis moujiks dans les cabarets des années folles.
Puis, brusquement, ce cabaret est là, sur scène. Alors paraissent les vestales. Une à une, les mannequins jaillissent en fond de scène et descendent pour remonter la salle par la travée centrale, qu'elles longent comme une nef. Au son d'un boléro " technoïde ", ces modèles aussi fragiles que des gressins arborent des tenues d'un raffinement total et intimidant. Devant ces formes extravagantes, on songe aux films Zardoz ou Yull. D'autant que ces mannequins se ressemblent tels des clones. Tons blancs, crèmes, rouge vif ou noirs. Les têtes sont ornées de sculptures capillaires (quel autre mot ?) qui sont autant de boîtes à bijoux en mouvement. Clin d'oeil : les mannequins hommes portent l'inévitable badge à étoile rouge : au centre, le marteau et la faucille sont remplacés par double C de Chanel. La Gauche caviar adore !
Et soudain : la voilà ! Épiphanie vestimentaire ! Enfin : notre robe. Parmi la déferlante, elle paraît presque sobre. Il faut la voir de près pour en déceler les infinies merveilles. Mais déjà elle disparaît, car elle était la dernière à jaillir. Tout cela est si éphémère !
La musique se tait, et le violon renaît. Lors, comme en procession, derrière l'orchestre qui joue " bei mir bist du schön ", les mannequins regagnent la scène où les attend " papa Karl ", qui apparaît avec la discrétion étudiée d'un vrai gourou.
Puis, en un clin d'oeil, le rêve s'évapore. Tout s'envole comme un rideau de fumée et le XVIe retrouve sa langueur compassé. Après une telle expérience, prendre le métro à la Muette sonne étrangement. Rêve, réalité ? Où donc est le vrai monde ?

PAR NICOLAS D'ESTIENNE D'ORVES

Diverses critiques des "Derniers jours de Paris" sur le web

Cliquez aimablement sur les liens, ça viendra tout seul...

http://www.come4news.com/les-derniers-jours-de-paris-le-thriller-du-mois-524723

http://cacestoutmoi.canalblog.com/archives/2009/04/09/13321659.html

http://www.zonelivre.fr/blog/destienne-dorves-nicolas-les-derniers-jours-de-paris/

CRITIQUE DES DERNIERS JOURS DE PARIS DANS "LE POINT"

Publié le 09/04/2009 - Modifié le 10/04/2009 N°1908 Le Point
Apocalypse : Le premier thriller-catastrophe
Julie Malaure
Nicolas d'Estienne d'Orves © Ballel/Sipa


Depuis son roman « Othon », prix Nimier en 2002, jusqu’aux « Orphelins du mal », en 2007, vendus à 65 000 exemplaires en France et traduit en 12 langues, on sait que Nicolas d’Estienne d’Orves , alias NEO, dandy germanopratin de 34 ans, connaît l’histoire de Paris sur le bout des doigts. Et c’est heureux, car seuls ceux qui aiment la capitale à ce point peuvent lui infliger de telles calamités. Dans son nouveau roman, les kidnappings de nouveau-nés s’enchaînent, la Seine quitte son lit, la Porte Maillot explose. En pleine apocalypse parisienne, un couple sur lequel on ne parierait pas : un jeune professeur et une ado surdouée. C’est maigre, mais comme NEO déborde d’imagination, il se pourrait que l’histoire soit plus « profonde » qu’il n’y paraît...


« Les derniers jours de Paris », de Nicolas d’Estienne d’Orves (XO, 428 pages, 19,90 E).

CRITIQUE DES DERNIERS JOURS DE PARIS DANS "LE FIGARO MAGAZINE"


CRITIQUE DES DERNIERS JOURS DE PARIS DANS "LE FIGARO LITTERAIRE"


dimanche 5 avril 2009

Interview de NEO par Edmond Morrel

C'est très revigorant d'être intégralement compris. Edmond Morrel m'a fait cet honneur. Merci à lui et vive la Belgique!
http://www.demandezleprogramme.be/Les-derniers-jours-de-Paris?rtr=y

jeudi 2 avril 2009

NEI signe à Limoges les 4 et 5 avril...



...dans le cadre de Lire à Limoges 2009.
Il paraît qu'il va pleuvoir, ce n'est pas une raison pour ne pas venir.